Tout d'abord, qu'est ce qu'un privilège ?
ou "thin privilege" en anglais.
C’est le fait d’avoir des avantages sociétaux et bénéfices pour, par exemple, avoir un emploi, obtenir des places pour un événement, se sentir en sécurité en marchant dans la rue, trouver facilement un logement, … Ces avantages sont souvent implicites et se manifestent dans divers aspects de la vie quotidienne, de la manière dont les gens sont traités socialement aux opportunités économiques et professionnelles qu'iels reçoivent.
Des privilèges dans notre société il y en a beaucoup et il est nécessaire de les mettre en avant pour se rendre compte des injustices vécus par certaines populations. Notamment le fait d’être blanc.hes, cisgenre, un homme, hétéro, valide, neurotypique, d’avoir une stabilité financière, être issus de classe bourgeoises, etc… Ici, je vais parler essentiellement du privilège mince.
Qu’est-ce que le privilège mince ?
Avant tout, il faut savoir que je profite moi-même de plusieurs privilèges, en tant que personne blanche, valide et mince je fais de mon mieux pour déconstruire ses privilèges et m’améliorer dans ma prise en charge, mais je reste une personne avec des privilèges.
Le privilège mince c’est un privilège sociétal qui créé des discriminations, notamment à cause de la grossophobie (1) que l’on retrouve de partout, même dans les milieux militants queer et féministes malheureusement.
pour la petite histoire...
Avant, être gros.se était signe de richesse, d’opulence, de fierté, un switch s’est créé avec l’arrivé des corsets et de la mode féminine. Petit à petit, la taille s’est dessinée, et il était important, pour le patriarcat bien sûr, de montrer un certain contrôle sur le corps sexisé. C’est aussi l’émergence des milieux intellectuels et des sciences médicales qui a permis d’associer le corps gros aux milieux précaires, racisés et prolétaires. D’ailleurs si on observe les études et recherches de ses milieux là, on voit bien les horreurs réalisées sur des corps racisés, précaires et sexisé, toujours bien sûr réalisé par des hommes cis.
Qu’est ce que la grossophobie ?
La grossophobie est exacerbée par l’arrivé de la culture du régime ! Très rapidement, avec l’installation du privilège mince dans la société, arrivent les injonctions à la perte de poids avant tout et la médicalisation du corps gros.
La grossophobie créé un jugement et un manque de soin pour les personnes grosses (2), constamment renvoyé à leurs poids, ce sont des personnes que l’on va juger plus « à risque « de problèmes de santé, mais ce sont aussi les personnes que l’on va moins écouter dans le cadre d’analyses, de prise en charge médicale, dans le cadre d’une transition, etc...
C’est un constat qui est documenté et analysé, les professionnel.les de santé (3) ne prennent pas suffisamment au sérieux les personnes grosses, et renvoient systématiquement au poids, des problèmes qui ne sont en rien en lien avec le poids. Alors, je ne te parle pas des violences vécues quand on es racisé.e, sexisé.e, etc…
La grossophobie entraine aussi beaucoup de croyances et c’est vrai qu’on retrouve beaucoup ce discours de la culture des régimes notamment chez les professionnel.les de santé. Décevant, si décevant.
Quel est l'impact de la grossophobie au quotidien ?
. trouver sa taille de vêtement est très difficile, les rayons contiennent souvent plus de tailles 34 à 38, alors que la taille la plus achetés est le 40 ! Au-delà du 42 il est souvent nécessaire d’aller commander en ligne et encore certaines marques ne proposent même pas des tailles au-dessus du 44. À toi qui aimes piquer les vêtements larges de tes copaines, rappelle-toi à quel point ses vêtements sont précieux.
. avoir une place adapté à sa morphologie, salon de massage, transports, etc… L’inconfort réduit l’accessibilité des espaces aux personnes grosses et augmente l’isolation.
. manger librement dans des espaces publiques
. fétichisation des corps gros et +/- racisés, même dans les espaces queer ou les applications de rencontre…
. se prendre des remarques grossophobes ou des regards jugeant régulièrement dans la rue, en famille ou autre
. discrimination à l’embauche, certaines assurances aussi demandent l’IMC (valeur totalement remise en question depuis le temps).
. prise en charge médical incompétente, médecin qui relie tout au poids, moins d’accès aux chirurgies ou hormones pour les personnes trans, etc…
Pourquoi avoir besoin de déconstruire son privilège mince ?
Le but en se rendant compte de son ou ses privilèges est de permettre de prendre conscience de sa propre grossophobie intériorisée, permettre de visibiliser les personnes concernées pour rendre notre société plus adaptée, militer et changer les choses, ainsi qu’éviter de faire vivre aux personnes concernées des violences au quotidien.
Rien que de prendre conscience de ce privilège, indépendamment de son propre vécu grossophobe et des violences qu’on a pu subir vis-à-vis de son corps, permet d’effectuer un travail intérieur qui rend la société plus inclusive.
C’est vrai que, quand on souffre de TCA, quand on a nos propres problèmes d’image corporelle, la grossophobie est intériorisée et c’est dur de se dire que c’est vraiment un privilège cette minceur voire maigreur, mais ça reste un endroit où on ne vivra pas les mêmes violences institutionnelles et systémiques.
Il existe heureusement des associations militantes (et pleins de zines gratuits!) sur ses sujets comme :
et des formations pour nous, professionnels de santé pour éviter de reproduire des discriminations :
formation du GROS, formation diététique inclusive (en ligne), formations sur l’espace ethique et santé, etc…
Hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, à partager et à aimer. Je suis disponible pour discuter par mail.
Profitez du prix libre ou d'une consultation suspendue (s'il en reste) en remplissant le formulaire sur mon site.
Ressources :
(1) Puhl RM, Heuer CA. The stigma of obesity: a review and update. Obesity (Silver Spring)
2009;17(5):941-64.
(2) Phelan SM, Burgess DJ, Yeazel MW, et al. Impact of weight bias and stigma on quality of
care and outcomes for patients with obesity. Obes Rev 2015;16(4):319-26.
(3) Agell G, Rothblum ED. Effects of clients’ obesity and gender on the therapy judgments
of psychologists. Prof Psychology 1991;22(3):223-9.
Comments