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Photo du rédacteurLouis I. Rossi

Sucre et TDAH

On entend beaucoup parler du sucre, notamment pour les enfants et surtout chez les personnes ayant un TDAH.

Alors, avec les influenceur.euses qui recommandent ce superaliment qui va nous retirer toute envie de consommer du sucre, ce régime restrictif magique pour guérir tout nos problèmes et notamment notre neuroatypie (?) ou encore celleux qui nous parle constamment d'addiction au sucre comme si le sucre était comparable à certaines drogues (grâce à quelques études réalisées sur des rats?) ...


Bref, le sucre c'est le nouveau (nouveau, vraiment?) grand méchant et va falloir tout faire pour empêcher nos enfants d'en manger ou nous, d'inspirer quand on passe devant une pâtisserie. "Opte pour un yaourt et un fruit, tu verras ça va changer ta vie." On en oubli les génocides en cours et la précarité, les oppressions que l'ont vit toujours au quotidien et nos trauma perso, car ouf, le sucre c'est lui qui nous fait nous sentir mal. Je ne te parle pas des études qui analyse le lien entre TDAH, sucre et comportement criminel, ça sent le racisme à plein nez.


the big mess of my head, collage avec des oiseaux, vaisselle, feuille de partition déchirée, photos et fleurs collées
collage

Pour moi, toute prise en charge nutritionnelle doit être politisée un minimum. Si les études prenaient en compte tout les facteurs d'influence et que les recherches étaient un minimum en lien avec les oppressions vécues par des groupes de personnes qui vont être observées alors ce serait tellement plus facile d'accepter la légitimité de certaines observations et analyses. Sauf que non, on reste dans un système hétéropatriarcale, sexiste, colonialiste, bourgeois et grossophobe et il existe encore trop peu d'études qui prennent en compte l'aspect sociologique et ses impacts sur les personnes observées.






L'impact de la déshydratation en première piste d'amélioration avec la prise en charge du tdah.


Un symptôme de base pour le manque d'attention et notamment chez l'enfant, c'est la déshydratation. Elle à un impact sur la concentration et les capacités cognitives. Un étude réalisées sur 58 enfants de 7 à 9 ans à montré qu'en buvant plus (sorte de supplémentation hydrique) avaient une amélioration des performance et de l'attention visuelle. (Edmonds et al., 2009)

Cela semble souvent vain d'aller observer son hydratation mais ça peut impacter grandement l'impact d'un tdah sur soi.


L'hypothèse du sucre, de l'index glycémique et de la sécrétion de dopamine et son impact sur le tdah.


C'est et ça reste une hypothèse car les premières études se sont contredites (Prinz et al., 1980 puis Mark L. Wolraich et al., 1995).

Ensuite certaines études n'observent que la consommation de sucre simples type saccharose sans parler de sensation de faim mais plutôt d'hypoglycémie.

Notamment si on aborde la précarité, la faim, soit une potentielle hypoglycémie récurrente, est souvent observée liée au simple fait que manger reste un produit du capitalisme et donc n'est pas accessible à toustes et entraine souvent un phénomène de restriction involontaire qui pousse à la consommation d'aliments souvent plus sucrés, plus appétants et "nourrisants" (cf article sur les trauma et tca).

Effectivement une baisse d'attention peut être observée en cas d'hypoglycémie et de sensation de faim. Qu'elle soit ressenti ou non, il suffit d'une activité passionnante, d'un cours où on a pas le droit de manger, d'une insécurite alimentaire ou encore d'un manque d'organisation pour faire en sorte que manger ne puisse pas être une option.


Il est souvent aussi analysé l'index glycémique du petit dèj (Benton et al., 2007), grande critique notamment par les médecins blancs des populations précaires et racisées, comme cause ultime des critères du tdah. Gardez en tête qu´effectivement si le petit dèj n'est pas complet et suffisant pour tenir jusqu'à midi, normal que en ayant faim 1 à 2 heures avant le repas, l'attention baisse. Dans ce cas, l'idée est surtout de rendre le petit dèj plus complet ou proposer une collation rassasiante en matinée si c'est possible (en géneral cela va réduire l'IG du petit dèj sans restreindre particulièrement). Quand je dis rassasiante je parle de pain, apport en protéines, sucres, matières grasses. Le souci est surtout de manger suffisamment pour éviter les hypo dans la journée au lieu de critiquer la consommation de sucre.


Enfin, le dernier point pour soutenir cette hypothèse est un aspect spécifique au tdah, la sécretion de dopamine, car effectivement il existe dans le cas du tdah (voir article) un déséquilibre en neurotransmetteurs. Ce déséquilibre fait qu'une carence en dopamine est fréquente et comme la dopamine est lié au système de récompense, le sucre est souvent associé à un moyen de motivation (un des effets de la dopamine) car il serait directement lié à sa sécrétion (le lien entre sécrétion de dopamine et sucre reste une hypothèse). Ce serait un moyen très commun de venir réguler le déficit en dopamine dans le cas d'un tdah.


Donc ne vous inquiétez pas, le sucre et le tdah c'est un peu toute une histoire. Enlever le sucre à une personne ayant un tdah c'est dur, hardcore et souvent très très frustrant. Il est possible de venir travailler sur d'autres aspects afin d'améliorer l'hygiène de vie en général, qu'aller râler sur sa consommation de sucre, notamment car c'est culpabilisant et souvent peu efficace. Oui des études analyses la consommation de sucre en lien avec le tdah mais gardont en tête que si les effets positifs se calculent sur le court terme et indépendants de la situation sociologique de la personne, les effets sur le long terme d'un régime d'exclusion sont rarement positifs, peu étudiés et souvent en lien avec de nouvelles comorbidités tel que les tca.


Liens entre additifs alimentaires et pesticides sur le tdah.


Quand on parle de sucre ou produits sucrés, on parle aussi souvent de produits transformés et pesticides.

La critique du sucre ne s'arrête pas là, effectivement, les études sont aussi réalisées sur les additifs alimentaires et pesticides, notamment dans la prise en charge d'un tdah chez un enfant (McCann et al., 2007).

Effectivement, il existe une quantités astronomique d'additifs alimentaires qui sont déconseillés voire dangereux pour les enfants, qui accentue les critères du tdah car directement liés à des troubles du comportement ou de l'attention.


Depuis 2009, l'union européenne exige que les entreprises indiquent la mention "peut être en cause d'un trouble du comportement ou de l'attention chez l'enfant", le pire c'est que c'est souvent sur les produits à destination des enfants qu'on retrouve cette info. Et souvent c'est tellement petit que si on ne lit pas l'étiquette, on ne saura pas. Vive le capitalisme hein.

Malheureusement, malgré le fait d'être mieux loti.es ici qu'en amérique du nord notamment, que ce soit sur le contrôle de l'utilisation des pesticides ou encore les additifs alimentaires, cela demande de lire les étiquettes ou utiliser des applications pour scanner les produits, super pour la charge mentale des parents plus ou moins précaires, plus ou moins opprimés et plus ou moins en galère de temps.

Certains additifs on été interdits en France ou en UE, mais beaucoup restent commercialisés.

Le but étant pas de culpabiliser les parents qui n'ont pas le temps de lire les étiquettes ou réduire la consommation de produits transformés ou pauvres en pesticides, mais plutôt d'informer sur les risques. Des fois, l'alternative low cost est moins riche en additifs car moins de possibilités d'investir dans trop de processus agro alimentaires compliqués ou encore des fois c'est les produits non bio qui sont plus intéressants (pour les additifs notamment). Il n'y a pas de règle pour aider dans ce processus, autre que si besoin, je suis là et dispo pour faire moi même les recherches et/ou vous informer sur les aliments pauvres en pesticides sans obligatoirement toujours prendre du bio.


Les troubles digestifs et la prise en charge du tdah


Que le sucre soit mis en cause ou non, les troubles digestifs restent un point important à observer et réguler chez une personne ayant un tdah.

La déshydration, les carences, ses deux aspects peuvent être aggravés ou entrainés par des troubles digestifs. Nombre de personne vivant avec un trouble digestif chronique ne se pose pas de question sur l'impact qu'il peut avoir sur certains aspect de son tdah. Perte d'attention, hyperactivité plus forte, trouble de la mémoire à court terme, tout cela peut être accentué par une perte en minéraux et malabsoprtion de son alimentation liés à des troubles digestifs.

Attention au diag non reconnus ou fait à la va vite par des +/- professionnels de santé ayant écrits des livres (une image de mec cis het blanc me saute soudainement aux yeux). Les régimes restrictifs commencent souvent par une envie ou potentiel traitement lié à la "santé" d'une personne avec des troubles digestifs.


Donc, vérifiez qu'il n'y a pas de simples intolérances (lactose) ou allergies (coeliaque) en cause de ses troubles (Helmut Niederhofer et al., 2006 et 2011). Des fois, les angoisses, l'impact des trauma non traités (PTSD) ou encore des troubles de la santé mentale vont accentuer les troubles digestifs voir les entrainer.

Le TDAH connais beaucoup de comorbidités et est souvent associé à troubles de la santé mentale, un accompagnement efficace sur le sujet est essentiel: EMDR pour les trauma, TCC pour les angoisses et le tdah, etc...


Le sucre en lien avec la pratique sportive dans la prise en charge du tdah.


Autre que les tcc, les traitements plus ou moins médicamenteux ou la prise en charge nutritionnelle, le sport montre de vrais effets bénéfiques sur la prise en charge et régulation du tdah. Face aux critiques du sucre, on aurait tendance à réduire, contrôler voire supprimer la consommation de sucre simples chez les enfants notamment.

En nutrition du sport, le sucre, et notamment les sucres simples type glucose et saccharose sont intéressant pour les efforts musculaires de force ou plus soudains. C'est à dire dans le cadre d'un sport de compétition ou encore sport d'équipe, les muscles ont besoin de différents substrats en énergie pour fournir un effort, on passe par la créatine si l'effort est de quelques secondes, glucides si l'effort est intense mais court et de lipides quand on part plus dans de l'endurance, un effort plus lent et plus long.

Les enfants, malgré une certaine endurance ont tout de même tendance à faire des efforts intenses et courts, dans ce cas, le sucre permet de rendre l'effort plus efficace dans certains cas et permet aussi de faire durer l'effort voir une bonne récupération musculaire après l'effort. Bien sûr, le sucre n'est qu'une partie de la prise en charge en nutrition du sport, mais ça reste un élément important pour les muscles et un fonctionnement optimal du cerveau.


Gardons donc en tête que le sucre est un substrat de choix pour les muscles, améliore le fonctionnement des neurones et permet d'éviter des baisses de glycémies importantes accentuant l'inattention. L'idée est de trouver un juste milieux pour que le sucre ne soit pas maudit, mais qu'un simple substrat nécessaire à la survie, qu'effectivement apporter des aliments contenants des vitamines, minéraux, fibres, protéines, oméga 3 et peu de produits nocifs (pesticides et additifs) est important pour réguler les effets du tdah et une hygiène de vie adaptée au tdah et à son rythme de vie ne peut qu'améliorer les critères de cette neuroatypie.


Le simple fait de manger régulierement et suffisamment, d'éviter les carences, de réguler le systeme digestif, d'avoir une prise en charge adaptee et de bien boire permet déjà d'entrainer plusieurs améliorations. Souvent la vie et les choses intenses entrainent des restrictions involontaires, trouble de la santé mentale ou encore compulsions et dérèglement de son alimentation. C'est normal, indépendamment d'une neuroatypie, avoir un rythme de vie adapté est pas toujours facile et ne correspond rarement aux injonctions capitalistes de notre société, le mieux c'est de pouvoir s'accompagner de manière bienveillante ou d'avoir un.e accompagnant.e formé.e aux neuroatypies et suffisamment bienveillant.e.



Bref, le but de cet article est d'avoir toutes les informations pour faire un choix éclairé quand au sucre, je ne recommande pas de le bannir ou le contrôler mais plutôt de venir observer d'autres aspects plus simples à transformer pouvant améliorer les effets du tdah. Il est facile de bannir ou supprimer sans se poser de questions. Pour un enfant, contrôler l'alimentation et entrainer des restrictions ou frustrations, entraine très souvent des troubles du comportement alimentaire par la suite, ce n'est pas négligeable. De plus, ça entraine souvent une culpabilité face à son tdah et son alimentation. Ici, je n'ai pas parlé de sommeil, de caféine ou théobromine, de néophobie alimentaire, de difficultés alimentaires liés au textures ou goûts. Bref, encore tellement de sujets à aborder et à ne pas négliger.

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